Peur sur la ville

Peur sur la ville

Contes, légendes et phénomènes paranormaux dans l’Audomarois!

C’était l’un de ces soirs d’automne, pluvieux et lugubres, qui invitent à rester chez soi. La pluie s’abattait violemment sur les vitres, alors que le vent s’engouffrait dans la cheminée, restituant des sifflements sinistres. A l’approche de la fête d’Halloween, les chaînes de télévision jouaient à qui mieux mieux avec nos craintes les plus enfouies, en rediffusant les sempiternels programmes traitant des poltergeists et autres phénomènes paranormaux. On y croit ou on n’y croit pas, mais ne dit-on pas qu’il n’y a pas de fumée sans feu ?




Légende de Marie Grouette, du trou de l’enfer, du château du diable à Clairmarais ou du curé de Sainte Aldegonde…

Installé au fond de mon fauteuil, dans un coin de mon salon à peine éclairé par la lumière bleutée du téléviseur, je me mis à cogiter… Bien sûr, ce ne sont que des récits créés de toutes pièces … Et puis, nous sommes dans l’audomarois, et non au fin fond des Highlands! Un claquement provenant de l’étage m’extirpe de ma songerie. Je me lève en sursaut, le cœur battant et monte les escaliers quatre à quatre…

Ce  n’était qu’une fenêtre mal refermée ! En la reclaquant, je ne pus m’empêcher de jeter un œil en direction du marais, s’étalant derrière la maison. Plongé dans une nuit sans lune, ce paysage d’ordinaire si plaisant à admirer semblait soudain à la fois hostile et fascinant. Il me vint soudain en tête cette vieille légende de Marie Grouette. Paraitrait-il que cette créature,  mi-femme, mi-crapaud, aurait fait d’un étang son antre et des watergangs son terrain de chasse et  arpenterait les rivières avec son crochet pour attraper les enfants s’approchant trop près de l’eau… Je me mis à rire intérieurement ! Ce n’est qu’un conte, après tout !

Néanmoins, le marais ne fut-il pas, à de nombreuses reprises, le théâtre de bien étranges disparitions ? Un frisson me parcourut l’échine : à défaut de Marie Grouette, peut-être y a-t-il autre chose ?  Ne raconte-t-on pas, depuis bien des générations, que deux mariés disparurent avec leur escute dans un tourbillon, en plein cortège nuptial, dans ce que l’on nomme désormais « le trou de l’enfer » ?

De retour dans le salon, de nouvelles légendes me vinrent à l’esprit, notamment celle du château de Rihoult, qui se dressait jadis à l’entrée de la forêt de Clairmarais, château qui servit de demeure au diable en personne !

La pluie avait cessé. Je décidai alors de faire un tour en ville, afin de me changer les idées. Rien n’y fit, cette inexplicable angoisse était exacerbée par l’ambiance glauque semblant régner ce soir là. Les rues étaient en effet désertes, et la chaussée détrempée réverbérait la lumière blafarde des éclairages publics, jetant ici et là une myriade d’ombres  fantasmagoriques…  Les ruines Saint-Bertin elles-mêmes semblaient inquiétantes et envoûtantes, s’apparentant  à un Stonehenge s’élevant au cœur d’une cité fantôme…  Partout les monuments et autres témoins du passé me rappelaient une anecdote cauchemardesque, telle celle du curé de Sainte-Aldegonde, qui dut intervenir au 11 rue des cuisiniers, l’actuelle rue Louis Martel, pour libérer la demeure d’une âme errante…

En réalité, il s’est passé bien des choses dans l’Audomarois, et pendant que nous sommes là, l’écriture de l’histoire se poursuit…

 

Auteur: Jérémie FLANDRIN paru dans le magazine Audomarwouah d’octobre 2015

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